Les défenses pour "masquer la honte"

Photo > JJ Magnan
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La personne utilise toutes les stratégies et tous les systèmes de défenses rendu possibles par son système, pour « masquer sa honte ».

 

L'enjeu inconscient est de taille, il s'agit de ne pas montrer la partie honteuse, qui doit rester cachée afin de préserver l'image narcissique de la personne. Ces systèmes de défenses vont se combiner les uns avec les autres, dans une logique complexe, qui a pour but d'échapper à une situation potentielle dans laquelle une autre personne pourrait apercevoir le signe même furtif de cette honte. Nous pouvons faire la supposition que plus la honte est prégnante, plus les stratégies pour la masquer sont diverses.

Pour vivre avec ce sentiment inavouable, la personne va, soit se refermer sur elle-même, soit fuir dans de multiples activités, afin de ne plus laisser les autres pénétrer son intimité. Pour cela, elle va inventer des stratégies complexes pour s'en sortir, des stratégies nécessaires et coûteuses (dans le sens énergétique et psychique) qui vont lui permettre d'affronter l'autre ; car elle a besoin de l'autre, elle en est même prisonnière et c'est de ça qu'il faut qu'elle se défende. Il s'agit bien d'un combat, où la personne va devoir « faire la preuve qu’elle est à la hauteur », dans une logique de « légitime défense ».

Dans un même temps ou de façon décalée, La personne peut également se construire un monde fantasmatique à la mesure de sa honte, un monde dans lequel elle est un héros, un monde qui, s'il n'est pas contrôlé par un « juge interne » assez fort, peut l'amener à la mythomanie, dans une fuite en avant destructrice rendant impossible une réparation de l'image narcissique. La personne peut également, sur la base de ce monde fantasmatique, « prendre sa revanche » en investissant un domaine social où elle va pouvoir faire la preuve de ce qu'elle est capable de faire. Cette logique de « faux self » va venir masquer sa vraie personnalité, en renvoyant une image brillante à son entourage.

La défense, quelle qu’elle soit, est, pour la personne, une prison sans murs, où la peur du jugement de l'autre ferme toutes les portes. Elle se sent prisonnière de l'autre, de ce qu'elle imagine que l'autre va lui renvoyer, prisonnière de son système intersubjectif qui lui fait décoder tout regard, tout acte, comme une situation dans laquelle, à un moment ou à un autre, elle va se rendre compte qu'elle « n'a pas été comme il faut ! », qu’elle « n’a pas fait comme il faut !.



L’humour et la dérision comme exemple

L'humour et la dérision sont deux aspects du traitement de la honte, dans le sens où ils vont, par la représentation distanciée inverser la tendance, donner à la personne la capacité à extérioriser sa souffrance, ses angoisses. Ce processus défensif, permet un traitement de la honte par l’exhibition, il va être générateur d'une jouissance importante, d'une libération de l'angoisse. Cette défense, car c’en est une, est une tentative de réparation par retournement. Elle va permettre la dédramatisation d'un affect douloureux, mais impossible à montrer sous peine d'être pris dans sa propre honte.

On peut, avec quelques nuances, affirmer de la honte, lorsqu'elle n'est pas totalement bloquante, peut permettre de développer une compétence dans la maîtrise de l'humour, de la dérision, face à l'autre, et également face à soi-même (auto-dérision).

Si le processus échoue, si l'humour n'est pas compris, si la dérision est difficilement vécue par l'autre, le recouvrement de la honte par l'humour a échoué, ce qui va engendrer de l'humiliation et par ricochet, de la honte, qui deviendra alors une sorte de prison dont la personne ne pourra sortir que lorsqu'elle se sentira capable de reprendre la maîtrise par une autre défense ou par, à nouveau, l’humour et la dérision.

Le travail de théâtre, celui autour du clown, et bien d’autres, peuvent permettre à la personne une autre approche de sa partie honteuse.Il s'agit, là, d'une piste de guérison que nous aborderons dans quelques temps...



Bibliographie

Honte, Culpabilité et Traumatisme – Albert Ciccone . Alain Ferrant – Ed. Dunod

Mourir de dire La honte – Boris Cyrulnik – Ed. Odile Jacob

Manuel de psychologie et de psychopathologie clinique générale – René Roussillon – Ed. Masson

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Commentaires: 2
  • #1

    Georgetta Lipsey (vendredi, 03 février 2017 13:45)


    Asking questions are in fact good thing if you are not understanding something completely, however this piece of writing provides nice understanding even.

  • #2

    Major Duhart (samedi, 04 février 2017 09:05)


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