Honte et traumatisme

La honte et le traumatisme, deux articulations différentes

Il faut distinguer deux processus, celui où la honte fabrique le traumatisme et celui où le traumatisme génère la honte. Ceux-ci peuvent, le plus naturellement du monde, s'articuler et se combiner l'un l'autre dans une joyeuse danse destructrice.

Dans le cas où la honte engendre le traumatisme, la partie honteuse de la personne va mettre en échec l'image d'un « moi insuffisamment construit ». Cette partie honteuse est générée par les imagos paternelle principalement, mais aussi maternelle et fraternelle, telles que décrites par Jung, qui jouent un rôle essentiel dans la construction narcissique. Elles génèrent un complexe qui va plus ou moins remettre en cause l'identité narcissique par une multitude de comportements et d'actions (violence, illégitimité, non-dits,...) qui ne laissent pas de trace distincte, mais une honte d'être qui vient « faire traumatisme », comme si tout le système psychique de la personne se teintait d’un fond de honte, semblable aux sous-couches d’un tableau.

Dans le deuxième cas le traumatisme subit va venir percuter une zone de fragilité, un endroit de doute sur l'identité, sur le « qui je suis ». C'est toujours une question de dosage, de quantité assimilable permettant la structuration d'un sur-moi équilibrant le moi, ou écrasant le moi. Dans ce cas, la partie honteuse est reliée directement au traumatisme et va, assez paradoxalement le protéger en empêchant l’expression qui pourrait en permettre le traitement.

Le sentiment de honte, dans un cas où dans l'autre génère un sur-moi écrasant le moi, dans le sens où la partie jugeante va inhiber les parties agissantes ou ayant la volonté d'agir, mettant en place une partie honteuse qui peut teinter, voir recouvrir tout ou partie du système psychique.

Pour aller plus loin

Bibliographie

Honte, Culpabilité et Traumatisme – Albert Ciccone . Alain Ferrant – Ed. Dunod

Mourir de dire La honte – Boris Cyrulnik – Ed. Odile Jacob